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La communication, l’écoute et l’ouverture à l’autre : le secret des grands leaders

La communication, l’écoute et l’ouverture à l’autre : le secret des grands leaders

La communication, l’écoute et la relation à l’autre ne sont pas des compétences accessoires du leadership, mais constituent le cœur même de la capacité à inspirer, guider et transformer. On ne naît pas leader, on le devient, et chacun d’entre nous peut emprunter ce chemin.

Qu’est-ce que le leadership si ce n’est l’art subtil de guider et d’inspirer ?  Les compétences techniques ou la vision stratégique ne sont rien sans la capacité à transmettre des idées et à créer des liens profonds. La maîtrise de la communication et des effets qu’elle produit sur une audience, la construction d’une relation solide avec ceux dont ils sollicitent la confiance, voilà ce qu’ont en commun tous les grands leaders. Pourquoi ? Parce ce qu’ils savent que rien de grand ni de durable ne se construit seul. Ils savent aussi, comme le soulignait John F. Kennedy lui-même, que « le leadership et l’apprentissage sont indispensables l’un à l’autre » et que l’art de bien communiquer pour mobiliser son auditeur et susciter l’adhésion est une compétence que chacun peut acquérir. Il suffit pour cela de s’inspirer des caméléons. 

La technique du caméléon

Un caméléon sait adapter son apparence à son environnement, sans jamais renoncer à ce qui le constitue et fonde son identité (à supposer qu’il soit possible de parler d’identité au sujet d’un animal). Quoi qu’il arrive, il reste lui-même et authentique, c’est-à-dire un caméléon et pas autre chose. Ce talent étonnant renvoie au principe de l’écoute active et de la communication adaptative. S’adapter à son environnement à la manière du caméléon, comprendre les besoins et les attentes de son auditoire, adopter la bonne attitude en fonction des circonstances et trouver les mots qui nous rendront crédibles et dignes de confiance, sans renoncer à ce qu’on est fondamentalement, est une caractéristique majeure du leadership. Quel que soit le contexte, un bon leader maîtrise et oriente la manière dont il est perçu. 

Un exemple éloquent est celui de Barack Obama. Une partie du succès du premier président noir américain réside dans sa pratique de haut vol de la communication adaptative. Orateur brillant, il sait aussi se montrer accessible et décontracté, négociateur déterminé et habile, ou simple mari aimant. Il joue avec brio de ses différentes facettes selon les instances et les publics, et les objectifs qu’il cherche à atteindre. Tout en restant toujours fidèle à lui-même. 

Développer sa communication adaptative et sa capacité d’écoute active est accessible à tous.  Inutile pour cela de prétendre à la présidence des Etats-Unis. Il ne s’agit pas tant de jouer la comédie que d’apprendre à choisir la part de soi que l’on souhaite mobiliser et révéler selon les circonstances et les individus qui se tiennent face à soi. Y parvenir suppose de parfaitement se connaître et de rester en permanence ancré dans son intégrité personnelle. Nous sommes tous multiples, aucun d’entre nous n’est monolithique. Simplement, nous ne savons pas toujours convoquer la bonne facette de nous-même en fonction du contexte. C’est pourtant un apprentissage à la portée de tous, et qui détermine souvent la réussite d’une collaboration, car il nous aide à devenir plus sensible à la manière dont les autres nous perçoivent.

Créer des liens, valoriser l’action et partager l’émotion

Un vrai leader relie les hommes entre eux. Il bâtit des relations confiantes et durables avec tous ses collaborateurs, partage le sens de ce qui est entrepris et valorise l’action accomplie. C’est ce que faisait avec maestria Napoléon Bonaparte lorsqu’il s’adressait à ses troupes. Voici ce qu’il lançait, à 27 ans, au printemps 1796, aux bataillons exsangues et épuisés de l’armée française, au moment de déclencher la campagne d’Italie :  « Soldats, (…), vous n’avez ni souliers, ni habits, ni chemises, presque pas de pain, et nos magasins sont vides ; ceux de l’ennemi regorgent de tout : c’est à vous de les conquérir. Vous le voulez, vous le pouvez, partons ! ». Puis de leur promettre que bientôt ils pourront dire : « J’étais de l’armée d’Italie ». 

Dans un autre registre, moins guerrier mais tout aussi ambitieux, Martin Luther King est reconnu pour sa capacité à galvaniser les foules. Son fameux discours, « I have a dream » du 28 août 1963 lors de la Marche sur Washington pour l’emploi et la liberté, reste gravé dans les mémoires comme un moment charnière du mouvement des droits civiques aux États-Unis. King ne s’est pas contenté de dénoncer les injustices ; il a su peindre le tableau vivant d’un avenir meilleur, utilisant la métaphore et la répétition pour ancrer son message dans l’esprit de millions de personnes. « I have a dream » : cette phrase, répétée avec passion, a transcendé un simple discours pour devenir un appel à l’action, toucher les cœurs et mobiliser les énergies vers un avenir meilleur dont chacun pourrait se sentir acteur.

Donner confiance

« Un bon leader inspire les gens à avoir confiance : un grand leader inspire les gens à avoir confiance en eux-mêmes » disait Eleanor Roosevelt. C’est finalement ce que parvenaient à faire Napoléon avec ses soldats, Luther King avec les militants des droits civiques, ou encore Obama et son fameux « Yes, we can » avec ses électeurs.

Certes, il ne s’agit là que d’hommes. Pourtant, à bien des égards, le leadership repose sur des vertus souvent perçues comme féminines. Car il est avant tout question d’inclusion, d’écoute, et d’acceptation de l’autre. Il existe une dimension presque maternelle au leadership, dès lors qu’il consiste à aider chacun à devenir ce qu’il pourrait être. 

Ce n’est sans doute pas un hasard si Angela Merkel est affectueusement surnommée « Mutti »  (Maman) par les Allemands. Face à des tensions majeures comme la crise financière de 2008 ou la crise des réfugiés de 2015, l’ex-Chancelière allemande s’est certes distinguée par son inflexibilité et sa détermination, mais aussi par le caractère méthodique de son approche et une capacité d’écoute remarquable. Lors de la crise des réfugiés, sa phrase “Wir schaffen das” (“Nous y arriverons”) est devenue emblématique de son style de leadership. Sa capacité à naviguer dans des eaux troubles, à communiquer de manière claire et directe, et à maintenir des relations diplomatiques solides, même avec ses adversaires, est là aussi un cas d’école d’écoute active et de communication adaptative.

D’autres grandes figures féminines ont-elles aussi habilement joué de la communication et de la force des liens humains. Catherine II de Russie, qui régna sur l’empire russe de 1762 à 1796, a su s’imposer comme une dirigeante respectée et redoutée dans un monde dominé par les hommes. Sa correspondance avec les philosophes des Lumières, comme Voltaire et Diderot, témoigne de sa volonté d’ouvrir la Russie aux idées progressistes de son époque. Cette ouverture d’esprit, combinée à une habile gestion de son image publique, lui a permis de moderniser la Russie tout en consolidant son pouvoir.

Aucune de ces grandes figures historiques, aucun de ces grands personnages, n’est né leader. Tous étaient ce qu’on appellerait aujourd’hui des outsider. Leurs parcours exceptionnels nous rappelle qu’en toutes circonstances et quelle que soit l’époque, le leadership est un art vivant qui se nourrit de la relation à l’autre et de la richesse des interactions humaines. Les leaders véritables savent créer des ponts, favoriser le dialogue et libérer le potentiel de chacun. Car en fin de compte, le vrai pouvoir du leader ne consiste pas à contrôler, mais à éveiller chez les autres la confiance en leur propre potentiel de grandeur.

By The School of Life

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