09/09/2024
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Les compétences émotionnelles pour s’adapter et s’épanouir à l’heure de l’IA
Le 4 juillet dernier, Jeremy Lamri, CEO de Tomorrow Theory, studio d’innovation RH, et Stéphane Toubiana, Directeur général de The School of Life Paris, ont présenté un webinaire commun sur les enjeux de l’intelligence émotionnelle pour les organisations.
“Tout le monde est un génie. Mais si vous jugez un poisson sur ses capacités à grimper à un arbre, il passera sa vie à penser qu’il est stupide”- Albert Einstein.
Voici 4 idées clés développées dans ce webinaire :
Qu’est-ce que l’intelligence émotionnelle ?
L’intelligence émotionnelle renvoie à notre capacité à mieux comprendre, mieux appréhender, mieux exprimer les émotions, et donc à prendre distance avec nos propres émotions comme avec celles des autres.
Cette faculté représente un atout majeur dans notre vie personnelle, mais aussi professionnelle. D’abord parce qu’elle permet de mieux nous comprendre et de mieux comprendre les autres, et donc de mieux interagir avec notre entourage. Avec pour conséquence directe de nous aider à prendre plus confiance en nous et à dompter notre anxiété, et donc à prendre de meilleures décisions et à créer de meilleures relations sociales. L’intelligence émotionnelle a aussi un effet positif sur notre santé, puisqu’elle contribue à diminuer le taux d’hormones de stress générées par notre organisme.
Pourquoi l’intelligence émotionnelle est-elle appelée à jouer un rôle toujours plus important dans la vie professionnelle ?
Face à la lame de fond de l’IA, l’intelligence émotionnelle sera toujours plus valorisée à l’avenir. Tout simplement parce que dès lors qu’une partie croissante de la production est assurée par la machine, la qualité des relations et des compétences strictement humaines seront au cœur de la performance des organisations. C’est la raison pour laquelle selon le McKinsey & Company Global Institute « les compétences émotionnelles compteront parmi les qualités professionnelles les plus mobilisées à l’horizon 2030 ».
Malgré tout, il reste judicieux de parler « d’intelligence » émotionnelle plutôt que de « compétences » émotionnelles. En effet, l’émotion en tant que telle ne produit pas de résultats. Ces derniers – bon ou mauvais – sont avant tout la conséquence des comportements, eux aussi bons ou mauvais, issus de la gestion de nos émotions.
De plus, il est important de ne pas faire de confusion entre « compétences » émotionnelles et traits de personnalité. Ceux-ci n’entrent pas en jeu dans le domaine de la formation professionnelle, car si tel était le cas, nous serions alors exposés à un risque de déviance déterministe et discriminatoire.
Quelles compétences émotionnelles font-elles la différence dans un contexte professionnel ?
Nos émotions déterminent en partie notre relation à nous-mêmes, aux autres et au monde. Elles participent donc au développement de qualités et de compétences essentielles à la performance des entreprises, de leurs équipes et des individus qui travaillent pour elles. Parmi ces qualités, citons notamment :
La curiosité
“Le vrai voyage, ce n’est pas de chercher de nouveaux paysages, mais un nouveau regard” disait Marcel Proust. Cette capacité à porter un nouveau regard sur les choses est souvent déterminante pour adopter une démarche de progrès. Non seulement la curiosité nous permet d’apprendre des autres, mais aussi d’apprendre de nous-mêmes et de tirer une leçon de nos erreurs. À la condition bien sûr de ne pas nous laisser dominer par nos émotions négatives, par la peur de l’inconnu ou le refus de l’échec. Il importe au contraire de laisser aussi la place qu’ils méritent à l’enthousiasme et à l’attrait de la nouveauté.
À noter toutefois que la curiosité ne constitue pas une compétence en tant que telle, mais bien un trait de caractère. En revanche, il est possible d’acquérir la compétence qui consiste à entraîner sa curiosité pour s’inscrire dans une posture d’apprentissage continu.
La créativité
De la curiosité découle la créativité, qui se développe comme un muscle. Devenir créatif est à la portée de chacun d’entre nous, à la condition d’apprendre à se faire confiance, à explorer notre intuition. L’enjeu est de parvenir à établir des liens entre deux concepts éloignés, pour les assembler et former un nouveau concept, de nouvelles idées. De ce point de vue, la créativité est plutôt un emprunt, une inspiration, une écoute. Elle s’appuie avant tout sur l’ouverture aux autres et le développement de la sensibilité.
De fait, la créativité en tant que telle n’existe pas. Ce qui existe et se travaille, c’est le processus créatif. Il repose essentiellement sur deux piliers : la pensée convergente et la pensée divergente. C’est-à-dire sur la capacité à absorber, à intégrer des concepts et des points de vue et à leur transformer en une proposition nouvelle. Il suffit d’un peu d’entraînement pour que chacun d’entre nous devienne beaucoup plus créatif qu’il ne l’imagine. Y compris avec le concours de l’IA, puisqu’il suffirait de la programmer et de l’entraîner à établir des liens entre différents concepts pour la rendre elle aussi très créative.
Le développement de la créativité suppose qu’un temps dédié y soit consacré. Un temps réservé à l’écoute, à la déambulation, au calme, à l’observation. Les entreprises qui sauront préserver ce temps essentiel dans l’agenda de leurs équipes auront tout à y gagner.
L’empathie
Il ne saurait y avoir de curiosité et de créativité sans empathie. En tant que telle, l’empathie est une composante indispensable pour comprendre et intégrer les émotions de l’autre. Elle renvoie à ce qu’on éprouve pour quelqu’un qui ne fait pas partie de sa tribu, avec qui on n’a pas de souvenirs partagés ou de références communes. Elle se distingue en cela de la simple sympathie, qui suppose, elle, un espace émotionnel commun initial.
Dans le monde professionnel, il est déterminant de savoir se mettre à la place de l’autre, de faire preuve d’intelligence des situations, car c’est ce qui nous permet de bien travailler ensemble. Pour certain, l’empathie passe par la capacité à ressentir l’émotion d’autrui, pour d’autres, par l’analyse consciente d’une situation. Dans tous les cas, les comportements empathiques sont probablement ceux qui réclament la plus grande diversité des modes d’apprentissage.
La résilience
La résilience repose sur notre capacité à accepter nos émotions, en particulier les plus négatives, sans les laisser nous emporter. Dans le monde physique, elle fait référence à la capacité des matériaux à revenir à leur état initial après un choc. Sur le plan humain, elle désigne donc l’aptitude à revenir dans le champ des émotions positives après un choc émotionnel ou un traumatisme important. Elle renvoie aussi à nos facultés d’apprentissage et à notre habileté à dépasser nos pensées limitantes.
La coopération
Dans une entreprise, les compétences sont avant collectives et reposent immanquablement sur la qualité de la coopération. Bien coopérer suppose d’adopter une vision et des objectifs communs. Pour y parvenir, le premier facteur de succès est l’humilité des membres qui composent le groupe. L’humilité renvoie à une forme de subjectivité positive, qui conduit à considérer d’emblée que chacun à quelque chose de positif à apporter à l’action commune. La coopération repose donc avant tout sur la qualité du lien et la nature de la relation qui unissent les membres d’un groupe. C’est en ce sens que l’émotion, en particulier les émotions positives, doit prendre le pas sur le calcul dans toute réelle volonté de coopération.